14 novembre 2007
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Régimes spéciaux de retraite
Opération vérité
Opération vérité
Le gouvernement entend imposer l’allongement de la durée de cotisations des cheminots, des salariés de la RATP, des électriciens et gaziers de 37,5
années à 40 ans (voire 41 ans) d’ici 2012 pour pouvoir bénéficier de la retraite. Histoire de se mettre l’opinion publique dans la poche, Nicolas Sarkozy n’hésite pas à utiliser quelques
contrevérités. Liberté-Hebdo leur oppose la réalité des chiffres et de la vie des salariés concernés.
1) « Si nous ne bougeons pas, si nous n'avançons pas, c'est l'ensemble de notre système qui ne pourra pas être financé ». Nicolas Sarkozy
FAUX.
• Sarkozy s’en prend aux salariés plutôt qu’aux stocks-options. Pour le président de la République, c’est une question de vie ou de mort. "Le choix, c'est
d'avancer, de changer et de se mettre à bouger, ou mourir » a-t-il déclaré cette semaine à Bordeaux, la ville d’Alain Juppé premier ministre lors du mouvement social victorieux de 1995. Une
dramatisation extrême de la question qui se heurte pourtant à la réalité des chiffres. Pas d’argent pour financer les retraites ? Selon le dernier rapport de la Cour des Comptes, le manque à
gagner pour financer les retraites est de 10 milliards d’euros. Mais le même rapport indique faire cotiser les stocks-options rapporterait 3 milliards d’euros, dont 1 milliard pour les retraites.
La CGT fait également remarquer que, « depuis plusieurs années, nous assistons à un déport des salaires vers les dispositifs de salaire indirect, exonérés de cotisations sociales (épargne
salariale, épargne retraite…) ». Elle estime cette perte aux alentours de 5 milliards. Par ailleurs, faire cotiser les revenus financiers au même taux que ceux du travail rapporterait environ10
milliards d’euros.
• Plus d’emplois dans le public = plus de cotisants pour les retraites. Autre argument avancé par l’Élysée, il y a de moins en moins d’actifs bénéficiant des
régimes spéciaux et de plus en plus de retraités, ce qui génère un déficit démographique. Il est important de rappeler que, ces dernières décennies, le choix a été fait par les pouvoirs publics
de diminuer le nombre de salariés dans les services publics. À la SNCF, le nombre d’actifs est passé de 450.000 à 170.000 actifs. La fermeture de l’essentiel des mines en France explique aussi
qu’il n’y avait plus, en 2006, que 10.000 cotisants pour 360.000 allocataires.
• Intégrer les régimes spéciaux dans le régime général = coûts supplémentaires pour les salariés. En effet, le régime général aurait à faire face aux déficits démographiques des régimes spéciaux, actuellement supportés par les entreprises concernées.
_________• Intégrer les régimes spéciaux dans le régime général = coûts supplémentaires pour les salariés. En effet, le régime général aurait à faire face aux déficits démographiques des régimes spéciaux, actuellement supportés par les entreprises concernées.
2) « Il s'agit simplement, au nom de l'équité, d'amener tout le monde dans les mêmes conditions ». Nicolas Sarkozy.
FAUX.
• Niveler par le bas. Il s’agit en réalité de diviser les salariés entre eux pour généraliser une remise en cause du droit à la retraite. D’ailleurs, André
Santini, le ministre de la Fonction publique a fait savoir, qu’à terme, il y aurait une « uniformisation » de la durée de cotisation à 41 ans. L’objectif est de niveler par le bas. Pourtant,
comme le propose la CGT, « deux dimensions en vigueur dans les régimes spéciaux mériteraient non pas d’être supprimées mais généralisée à l’ensemble du système de retraite ». Il en est ainsi de
la reconnaissance de la pénibilité, toujours pas introduite dans le régime général. Pour le moment, les négociations entamées entre syndicats et patronat sont au point mort, par le seul fait du
patronat sans que le gouvernement ne trouve quelque chose à redire. D’autre part, il conviendrait d’indexer les pensions de tous les salariés sur les salaires et non sur les
prix.
• Inégalité au détriment des régimes spéciaux. Loin d’être des privilégiés, les salariés placés sous un régime spécial subissent aussi des inégalités de traitement. Ainsi, un cheminot touchera comme pension 63 % du salaire liquidable. Cette proportion est de 73 % dans le privé.
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• Inégalité au détriment des régimes spéciaux. Loin d’être des privilégiés, les salariés placés sous un régime spécial subissent aussi des inégalités de traitement. Ainsi, un cheminot touchera comme pension 63 % du salaire liquidable. Cette proportion est de 73 % dans le privé.
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3) « Il existe des régimes spéciaux de retraite qui ne correspondent pas à des métiers pénibles ». Nicolas Sarkozy.
FAUX.
• La pénibilité est toujours là, voire est exacerbée. Le président de la République mélange évolution des technologies et pénibilité au travail. Ce n’est pas
parce qu’un cheminot ne travaille plus comme au temps de la vapeur que son travail est devenu moins pénible. Un conducteur de TGV supporte d’importantes responsabilités, doit cultiver une
attention de tous les instants, doit gérer les risques liés à la vitesse etc. « Les contraintes de service public comme celles liées à la sécurité sont toujours là, voire exacerbées » explique un
élu CGT du Conseil d’administration de la SNCF.
• Mobilisés 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Car, au-delà de la pénibilité, c’est surtout la contrainte du service public qu’il s’est agi de compenser en plaçant ces salariés sous un régime spécial. « Les 37,5 années de cotisations et la possibilité de partir en retraite à 55 ans, c’est la contrepartie de l’obligation d’assurer la continuité du service public 7 jours sur 7 et 365 jours par an » explique Patrick Delfosse responsable régional des cheminots CGT. N’oublions pas, en effet, que s’il est possible de prendre le train pour rendre visite à sa famille le jour de l’an, c’est parce que des cheminots travaillent ce jour-là. Ou que si le courant a été rapidement rétabli après la terrible tempête de décembre 1999, c’est parce que des agents EDF et GDF ont été mobilisés jour et nuit, dimanche compris.
• Mobilisés 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Car, au-delà de la pénibilité, c’est surtout la contrainte du service public qu’il s’est agi de compenser en plaçant ces salariés sous un régime spécial. « Les 37,5 années de cotisations et la possibilité de partir en retraite à 55 ans, c’est la contrepartie de l’obligation d’assurer la continuité du service public 7 jours sur 7 et 365 jours par an » explique Patrick Delfosse responsable régional des cheminots CGT. N’oublions pas, en effet, que s’il est possible de prendre le train pour rendre visite à sa famille le jour de l’an, c’est parce que des cheminots travaillent ce jour-là. Ou que si le courant a été rapidement rétabli après la terrible tempête de décembre 1999, c’est parce que des agents EDF et GDF ont été mobilisés jour et nuit, dimanche compris.
Bruno CADEZ
Article paru dans le n°776 de Liberté Hebdo.