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  • : MJCF, Mouvement des Jeunes Communistes de France, JC seclin, Section du Pévèle Mélantois
  • : Jc Seclin, Blog des Jeunes Communistes du pévèle et du mélantois. Construire la révolution, quotidiennement! Défendre le service public et gagner de nouveaux droits pour les Jeunes! La diversité dans l'unité ! La réflexion dans l'action ! Pour lutter, pour s'organiser, pour défendre un partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs : Rejoins la JC !
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Matériel Militant

ARCHIVES DE L UNION DE VILLES
Voici désormais en ligne, en libre accès pour nos lecteurs, l'ensemble du matériel militant utilisé depuis la rentrée de septembre 2007.

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Radio Révolution

10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 13:18
J - 4 pour la fête de l'humanité

Retrouvez nous à partir de vendredi sur le stand des jeunes communistes des pays du Nord et n'oubliez pas : l'humanité est un combat quotidien !!




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  JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 09:16
14, 15 et 16 Septembre 2007 
La fête de l'humanité


Depuis 1930, la fête de l'humanité
rassemble jeunes et moins jeunes sur un espace de 70 hectares pour trois jours riches en partage, en apprentissage, en débats, en plaisir, en concerts, et en tant d'autres choses encore.. 

La Fête de l'Humanité c'est :

- Des stands. Chaque fédération représentée à la fête de l'humanité fait part de ses spécificités régionales, que ce soit politique, culturelle ou culinaire. On trouve également les stands d'autres partis politiques, d'associations ou de syndicats. La fête de l'humanité c'est chaque année 550 stands.

- L'agora de l'Humanité. Espace privilégié de débat. Au programme, l'écologie, le travail, les quartiers populaires, ..

- Un espace Cinéma. Pour tout les cinéphiles ou les néophytes fans de cinéma engagé.

- Le forum social de l'Humanité lieu d’échange, de confrontation, de contradiction, de réflexion, dans la libre expression des points de vue, sur les grands sujets de l’actualité sociale, politique et économique. Il est l'occasion de découvrir plusieurs expositions

- Le village international : Véritable lieu d'échange entre la plupart des pays du monde. Les partis communistes du monde entier y sont représentés. La gauche internationale se mobilise à la Fête de l'Humanité pour nous faire découvrir des cultures mais aussi pour populariser son propre combat contre l'impérialisme.

- 6 scènes musicales. Si la fête de l'humanité reste un rendez-vous politique majeur, c'est également un festival reconnu. Les plus grands artistes y sont passés (Brel, Aznavour, Jacques Higelin, La Mano Negra, Pink Floyd, The Who, Genesis, Tiken Jah Fakoly et bien d'autres..) Cette année encore, de grands noms sont au rendez-vous sur la scène Zebrock/Avant-Garde, la scène des Pays du Nord, la Scène Fest Noz, la Scène Jazz'Hum'Ah ou sur l'incontournable Grande scène. Ce parterre de scène peut accueillir jusqu'à 60.000 personnes !

Et aussi : l'espace multimédia, l'espace des Amis de l'Humanité avec un moment privilégié sur Guy Môquet, l'espace Pif/Enfance, l'espace Tourisme, l'espace Théâtre, l'espace Sports, un Village du Livre et bien d'autres choses encore...


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Des concerts à gogos

Voici un aperçu des artistes qui se produiront sur une des cinq scènes musicales de la fête de l'humanité. Si le programme est déjà fourni, la liste n'est pas complète...


VENDREDI : Olivia Ruiz, Grand corps Malade, Johnny Cleg, Les Fatals Picards,

SAMEDI :
Iggy Pop & The Stooges, Razorlight, Les Ogres de Barback, Unswabbed, La Rumeur, Luke, Akli D, Ayo, Carving

DIMANCHE :
Renaud, West Side Story par l'Orchestre Philarmonique de Radio France


fete huma
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L'Humanité a besoin de ses lecteurs

Depuis 1996, l’Humanité publie l’intégralité de son édition quotidienne en ligne. Après bientôt sept années, le Web de l’Huma constitue l’une des principales base de données francophone et alternative. C’est un outil quotidien pour plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs dans le monde entier : pour mieux comprendre et décrypter l’actualité mais aussi pour résister et agir dans leur quartier, leur fac ou sur leur lieu de travail. Pour autant, ce choix de l’ouverture et de la gratuité ne doit pas masquer les efforts de toute une rédaction et de toute une équipe pour que ce journal puisse, aujourd’hui et demain, tenir sa place dans le paysage de la presse française.

Pour que vive l’Humanité et qu’elle puisse se développer, le nombre de ses lecteurs et de ses abonnés doit croître. Nous avons besoin de vous, de tous votre soutien.


Si l'Humanité, journal du monde du travail, venait à disparaître, cela marquerait la disparition du seul journal quotidien dont la ligne éditoriale n'est pas de droite. Cela serait compris par la bourgeoisie comme une grande victoire.

Il est donc urgent de nous mobiliser pour faire vivre l'Humanité, et venir à la Fête de l'Huma est déjà un premier geste.
 


 
Une fête pour faire du Bonheur une idée Neuve.
Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité.

Au coeur de la Seine-Saint Denis, au parc départemental de la Courneuve, près du Bourget, se tiendra les 14, 15 et 16 septembre un événement unique : La Fête de l'Humanité.

La fête de l'humanité est un lieu de détente où des centaines de milliers de participants se retrouvent dans une ambiance conviviale et solidaire. Cette fraternité est indispensable dans un monde de plus en plus violent ou prime trop souvent la loi de l'argent. La fête de l'humanité, ce sont des dizaines de concerts de grandes qualité, mêlant des artistes de renommée nationale et internationale avec de jeunes talents à découvrir. La fête de l'humanité c'est aussi le tour de France de nos régions, de leur gastronomie, et un vaste espace culturel où se côtoient cinéma, théâtre, cirque et expositions. Le sport sera également au coeur de la fête puisqu'on pourra y suivre la coupe du monde de Rugby, débattre de la place du sport dans notre société et également pratiquer. La fête de l'humanité, c'est encore un village du monde où les forces progressistes de tous les pays se rencontrent et échangent pour agir en faveur du désarmement, de la paix, et pour inventer un autre monde. 

En cette rentrée de septembre 2007, la fête de l'humanité revêtira une importance toute particulière. Elle est à votre disposition pour vous faire entendre contre les hausses de prix et les décisions du gouvernement Sarkozy-Fillon qui refuse d'augmenter les salaires, les retraites, les minima sociaux alors qu'un cadeau de 13 milliards d'euros vient d'être fait aux plus riches. Rien n'est décidé aen faveur des quartiers populaires pour créer des emplois, améliorer les formations, rénover les cités. La fête constituera un forum permanent des quartiers où vous aurez la parole. Elle sera également le lieu pour se rassembler afin de se défendre et riposter face à la nouvelle vague de mesures dévastatrices que prépare le pouvoir de droite à la rentrée de septembre. 

La fête de l'humanité sera aussi la fête pour s'échanger des idées dans des dizaines de grands forums, comme ceux sur la sécurité de l'emploi et du travail, la protection de la planète et le codéveloppement, l'action pour la paix au proche-Orient, la fraternité avec l'Afrique, ou encore pour discuter de l'actualité de la pensée de Che Guevara, 40 ans après sa disparition. Ces débats seront utiles pour relancer la gauche, une gauche de combat qui s'attaque aux causes des difficultés et qui travaille avec vous à un projet de changement de société et du monde. La fête de l'humanité est un lieu où, tous ensemble, on agit pour que le bonheur soit une idée neuve. 

Tous les jours, nous vous proposons de vous retrouver avec l'Humanité et chaque semaine avec le magazine l'Humanité Dimanche. Alors qu'on nous sert une penbsée unique avec une information de plus en plus uniformisée, l'humanité et l'humanité dimanche sont les journaux du débat, de la liberté et du combat contre les injustices. Les 14, 15 et 16 septembre, retrouvons-nous pour faire une grande Fête de l'Humanité ! Contre la loi de la jungle, c'est un lieu de fraternité, d'espoir, et d'humanité. 
 

Un stand pour les jeunes communistes du Nord


Pour la première fois, les jeunes communistes du Nord tiendront un stand avec les autres fédérations de la région Nord pas de Calais Picardie.

Rendez-vous dans l'Espace des Pays du Nord!

 JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,

Pour plus d'infos : http://www.humanite.fr/fete.html

Des départs en Bus sont prévus de plusieurs villes du département : informations au 03.20.63.08.08 ou sur jcseclin@yahoo.fr
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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 10:21
Privatisation de GDF
Le mensonge de Sarkozy


  JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,
« L’État ne descendra pas en dessous de 70 % du capital. (…) Il n’y aura pas de minorité de blocage, donc pas de privatisation. »
Voici les propos de Nicolas Sarkozy ; alors ministre de l’Économie et des Finances qui commentait ainsi, sur France 2 le 27 mai 2004, la loi réformant le statut d’EDF-GDF au soir d’une journée d’action des syndicats de l’énergie. 80 000 salariés avaient manifesté à Paris. Rappelons qu’il était initialement prévu que l’État ne conserve que 50 % des deux entreprises publiques. Quelques jours plus tôt, le 19 mai 2004, présentant le projet de loi devant l’Assemblée nationale, le ministre avait précisé : « Compte tenu de l’importance de ces deux entreprises pour la mise en oeuvre de la politique énergétique de la France, Gaz de France et Électricité de France, de surcroît en raison de la forte composante nucléaire de son parc de production, ne seront pas privatisés. Elles resteront des entreprises publiques majoritairement détenues par l’État, qui continuera à définir, en liaison avec les entreprises, leurs orientations stratégiques. »
Le même Nicolas Sarkozy soutient aujourd’hui la fusion Suez-GDF qui privatise GDF et réduit la part de l’État à 34 %...

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Article sur la Privatisation de GDF : ICI
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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 09:36
Ne pas livrer GDF à la Rapacité des actionnaires
 
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Suite à l'annonce de la fusion Suez-GDF, nous appellons vivement à une large mobilisation contre ce projet qui fait du Gaz une vulgaire marchandise.

Le service public de l'énérgie se verra désormais directement concurencé par un "mastodonte privé" ce qui induit de gros risques sur la qualité du service et sur les prix.

L'état sacrifie donc un secteur indispensable au bien être de la population en le livrant à la rapacité des actionnaires. Sans doute cela fera du bien au caisses publiques après les 14 milliards d’euros d’allégement de l’impôt sur les fortunes, de suppression des impôts sur les successions et de cadeaux divers. "Les cadeaux aux patrons, aux salariés l'addition"

Nous prendrons pleinement part aux luttes pour un grand service public de l'énérgie et un GDF 100% public sans oublier de rappeller que les plus à même de prendre les décisions pour GDF et pour l'avenir énérgétique des Français ne sont pas les actionnaires mais bien les salariés qui font tourner l'entreprise au quotidien. 

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Vidéo. GDF, Le mensonge de Sarkozy : ICI
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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 09:05
Pour le Parti communiste grec (KKE):
la politique agraire est responsable des feux

 

incendies-grece-1.jpgLa secrétaire générale du KKE, Aleka Papariga, lors d’une conférence de presse lundi 27 août, a rejeté l’idée selon laquelle les feux qui ont ravagé la Grèce et entraîné 63 morts jusqu’à maintenant constitueraient la conséquence “d’une menace asymétrique” et accuse la politique agraire. 
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Aleka Papariga, présentant un communiqué du Bureau politique du KKE, a souligné que les tentatives du gouvernement de présenter cette tragédie en termes de “menaces asymétriques” (de complot terroriste - NdT), selon le dogme du nouvel ordre impérialiste mondial, était destiné à “intimider la population pour détourner sa réaction, à la fois pendant la campagne électorale et pour l’avenir”.  
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Le KKE a appelé la population à participer à la lutte contre les feux qui se propagent dans tout le pays, et a répété que ses militants et ses organisations étaient complètement à la disposition des autorités locales, des organismes publics et des responsables officiels, pour participer aux efforts de lutte contre les feux, porter assistance aux habitants et contribuer à résoudre les problèmes dans la mesure de leurs possibilités. 
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En ce qui concerne la cause des feux, Aleka Papariga a affirmé qu’ils n’ont pas surgi soudainement mais qu’ils sont le résultat d’une série de mesures et de lois réactionnaires adoptées depuis des années par les gouvernements successifs du parti de la “Nouvelle Démocratie” actuellement au pouvoir et du PASOK, principal parti d’opposition. Le KKE remarque que, depuis 1991, un onzième seulement des forêts détruites par les flammes ont été reboisées dans la région de l’Attique et 1/9ème dans toute la Grèce. 
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Le KKE souligne que, la voie qui mène à l’enfer actuel a été ouverte par la politique qui a marchandisé les terres et les forêts, qui a encouragé les accaparateurs, qui a sacrifié la prévention des incendies, qui a creusé le déficit criant des équipements, infrastructures et installations de lutte contre le feu et des services forestiers. Le sommet de cette politique a été atteint avec la révision constitutionnelle et plus spécialement celle de l’article 24 sur la protection des forêts. 
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"Nous faisons face à un plan organisé, qu’il ait existé préalablement ou qu’il ait surgi à l’occasion”, fait remarquer Aleka Papariga, ajoutant que les profits liés aux incendies criminels rejoignent les intérêts de groupes économiques et financiers à qui “on a ouvert l’appétit avec la marchandisation et la privatisation de la terre”. 
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Selon le KKE, le gouvernement porte de graves responsabilités pour avoir failli dans la mise en place d’une réaction efficace, organisée qui aurait pu atténuer les répercussions du désastre, grâce à des mesures de prévention et de protection des forêts. 
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Aleka Papariga a aussi dit que le PASOK cherche uniquement à masquer cacher ses propres responsabilités et à tirer profit du malaise légitime du peuple en vue des prochaines élections. En même temps, elle a fait remarquer que la « Coalition de la gauche radicale » ne réussit pas à montrer une autonomie politique en choisissant de s’aligner sur le PASOK et de le soutenir, malgré le lien évident entre les incendies et la politique de propriété foncière et d’utilisation des sols. 
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Enumérant les propositions du KKE pour la gestion des conséquences des incendies, Aleka Papariga a réclamé l’inventaire complet des dégâts provoqués par les incendies et des zones brûlées et le maintien, sans aucun changement, de la vocation des terres. Elle a demandé, en faveur des agriculteurs, le dédommagement intégral des récoltes perdues et des réserves détruites, une année d’exemption de primes d’assurances et de taxes, le gel du remboursement des emprunts. Elle a demandé également le dédommagement intégral des maisons et des infrastructures agricoles détruites, des plans détaillés et contraignants de reforestation, l’hébergement gratuit pour les victimes des incendies dans les hôtels les plus proches, les recrutements immédiats pour pourvoir aux postes vacants chez les sapeurs-pompiers, dans les services forestiers et dans le service public de santé, avec des embauches à temps plein et à l’année au lieu d’emplois saisonniers. Elle a enfin demandé des travaux pour limiter efficacement les dégâts liés à l’érosion, aux écoulements...

Le KKE exige également l’adoption de mesures politiques urgentes :

--*
le retour sur la révision constitutionnelle et précisément sur la modification négative des clauses relatives à la forêt.

--*
la nationalisation de la grande propriété foncière des zones montagneuses et des forêts. 
--* l’abrogation de toutes les lois et réglementations négatives pour la forêt, en particulier la loi 997/79 du gouvernement ND qui déclasse 2,5 millions d’hectares de zones forestières et la loi 1734/87 du gouvernement PASOK socialiste qui en déclasse 4,5 millions d’hectares.
  JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,

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2 septembre 2007 7 02 /09 /septembre /2007 14:04
Perspectives et tâches des communistes


cartonrouge.jpgLa victoire de la droite aux élections présidentielles et législatives est celle des ennemis les plus implacables des travailleurs, des jeunes et des retraités de France – y compris ceux qui ont voté pour elle.

Les leurres et les mensonges de la droite, massivement relayés par l’industrie audiovisuelle et la presse capitaliste, ont fini par payer. Le désespoir et la misère ont été exploités au profit de ceux qui en sont la cause. Les contre-réformes ont été présentées comme des réformes, le profit privé comme un bien commun, la réaction comme un progrès, les victimes de discrimination sociale et raciale comme des agresseurs et de la « racaille ». Sarkozy, qui incarne à la perfection l’arrogance, le mépris et l’esprit réactionnaire des capitalistes, a été présenté comme un révolté, un homme du peuple, le héraut de la « rupture » avec l’ordre établi. Il a été élevé au rang de vedette. On a eu Sarkozy sans cravate, en manches courtes, en jogging, en jean, en T-Shirt ; puis Sarkozy avec Johnny Hallyday et docteur Gyneco. On l’a même vu tenant la main de sa femme (revenue pour la circonstance), lui souriant tendrement – l’embrassant, même ! 


Ce pantomime écœurant prendra bientôt fin. La classe capitaliste n’a pas mis Sarkozy en selle pour jouer la comédie. Elle compte sur lui pour faire ce qu’elle reprochait à Chirac de ne pas faire – ou du moins pas assez. Aux yeux des requins capitalistes, l’offensive menée par Raffarin et de Villepin n’allait ni assez loin, ni assez vite. Tout ce qui tend à protéger les salariés, à atténuer leur exploitation, à freiner la cupidité patronale, doit être démantelé, balayé. Tout ce qui a été, à des degrés divers, soustrait à la loi du profit capitaliste – la santé, la sécurité sociale, l’éducation, les retraites – doit désormais y être soumis.
 

Sarkozy a beau se présenter comme le champion des opprimés et des « sans grade », dans la pratique, il mènera une politique dans l’intérêt exclusif de ceux qui possèdent les banques, les assurances, les grands groupes de l’industrie, des services et du commerce. Le capitalisme français est devenu complètement parasitaire. Non seulement il se dresse comme un infranchissable obstacle au progrès, mais il ne peut même plus s’accommoder des conquêtes sociales passées du mouvement ouvrier. Les capitalistes exigent la régression sociale permanente. Ils refoulent la société en arrière. Ils ont besoin d’un gouvernement qui défendra leurs intérêts avec acharnement, qui ne reculera devant rien. Telle est la mission de Sarkozy et de son gouvernement.

Instabilité sociale et politique

Les perspectives sociales, économiques et politiques qui se dessinent pour la France ne justifient aucunement le sentiment de démoralisation ou d’abattement que peuvent ressentir certains militants de gauche. La « popularité » de Sarkozy flanchera rapidement. Elle commence déjà à flancher, quelques semaines à peine après son élection, comme le montre l’opposition à la « franchise médicale » et à la soi-disant « TVA sociale » – une tentative flagrante de mettre une large part du fardeau fiscal sur le dos des ménages, tout en réduisant les impôts des riches. Très rapidement, l’édifice de subterfuges et de fausses promesses qui l’a hissé au pouvoir s’écroulera. Les millions de travailleurs et de jeunes qui lui sont déjà hostiles seront rejoints par des millions d’autres qui se sont laissés duper. Le fait que Sarkozy ait été obligé d’avancer masqué, caché sous le voile de « l’ouverture » et de la « réforme », est un élément de la fragilité de sa position.

Dans les sphères dirigeantes du PS et du PCF, on expliquait la défaite en disant que la société française « glissait vers la droite », que le comportement et la mentalité des travailleurs s’étaient « américanisés », qu’ils perdaient leurs « repères ». En un mot, si la gauche a perdu, c’est la faute de l’électorat ! Dans le prolongement de cette « théorie » bien commode, on annonce allègrement que la France entre dans une période de réaction plus ou moins longue, une « ère Thatcher ». Le résultat des législatives, qui montrent une progression de la gauche depuis 2002, devrait permettre d’atténuer l’impact de ce discours démoralisant. Quoi qu’il en soit, ce serait une grave erreur, à notre avis, de tirer de ces élections des conclusions hâtives sur les perspectives sociales et politiques pour la période à venir.

Une élection n’est jamais qu’une photographie – partielle et déformée – de la conscience des différentes strates de la population à un moment donné. Or, la conscience sociale est quelque chose d’extrêmement mobile, surtout dans une époque de déclin économique et social, comme aujourd’hui. La lutte des classes ne procède pas de façon linéaire. Après une phase de luttes, il y a souvent une phase de fatigue, d’indifférence. Mais compte tenu de la gravité de la crise sociale et économique, ces reculs ne peuvent être que temporaires. La dernière fois que la « théorie » du « glissement de la société vers la droite » était en vogue, dans les textes du PCF, c’était à l’époque des victoires électorales de Balladur et de Chirac, en 1993 et 1995. Or, quelques mois après la victoire de Chirac, nous avons vécu le plus grand mouvement de grève depuis les événements révolutionnaires de 1968. Dans l’histoire récente de la France, chaque fois que le pendule politique est allé vers la droite, il est revenu vers la gauche en l’espace de quelques mois, et parfois avec une vigueur redoublée. Il en sera de même cette fois-ci. L’instabilité sociale et politique, marquée par de brusques changements dans l’humeur des jeunes et des travailleurs, est précisément l’un des symptômes de l’impasse dans laquelle se trouve la société.

Si les élections avaient eu lieu au lendemain de la lutte contre le CPE, la droite aurait sans doute été battue à plate couture. Mais depuis, la droite a pu reprendre l’initiative, et reconquérir une fraction significative de l’électorat qu’elle avait perdu. La manipulation de l’opinion publique par les médias capitalistes y est pour quelque chose. Mais l’explication fondamentale du redressement de la droite réside dans la totale faillite politique des dirigeants du Parti Socialiste. La droite a remporté des élections qu’elle devait perdre. Jamais, dans toute l’histoire du mouvement socialiste, le programme du PS n’avait été aussi vide, aussi conservateur, aussi proche de celui de la droite. Ségolène Royal a souligné avec insistance ses points d’accord avec l’UDF – dont le programme était, à son tour, identique à celui de l’UMP sur toutes les questions essentielles. Elle refusait de qualifier Sarkozy comme un adversaire. Elle en parlait comme « un partenaire qui, comme moi, fait des propositions dans l’intérêt de la France ». Les Kouchner, Besson et Bockel ont accepté des postes au gouvernement Fillon. Bien d’autres « socialistes » bourgeois, sortis du même moule politique, feraient de même si on le leur proposait. De réformistes, ils sont devenus des « réformistes sans réformes », pour finir comme de simples réactionnaires. En vérité, des gens comme Kouchner, Attali ou Védrine n’ont jamais été socialistes. Pour eux, le PS n’a jamais été autre chose qu’un instrument au service de leur propres carrières, une passerelle vers plus de richesses, plus de prestige et de pouvoir. C’est parce que le PS est encore dominé par de tels éléments que la droite a gagné les élections.

Ce ne sont pas les travailleurs qui ont « glissé vers la droite », mais les instances dirigeantes du Parti Socialiste – ainsi, malheureusement, que du PCF, avec un train de retard, mais avec des conséquences tout aussi graves. Les travailleurs n’évoluent pas « vers la droite », et nous ne sommes pas à la veille d’une longue période de réaction. Simplement, les difficultés qui écrasent des millions d’entre eux – chômage ou la menace du chômage, précarité, pauvreté, problèmes de logement, de santé, de discrimination raciale – sont trop graves, trop pressants, trop écrasants pour attendre. Si la gauche n’a rien de crédible à proposer, si la gauche ne leur offre aucune issue, ils peuvent tomber dans le panneau de démagogues comme Sarkozy ou Le Pen.

Mais le pendule reviendra vers la gauche, malgré tout. Le résultat des élections législatives en est déjà une première indication. D’ailleurs, il ne s’agit pas uniquement – ni même principalement – du pendule électoral. L’opposition viendra de la rue, des quartiers, des salariés dans les entreprises et les services publics. Elle viendra aussi des étudiants et des lycéens. Les horizons radieux dessinés par l’illusionniste Sarkozy et ses alliés médiatiques – où le mérite et l’effort de tous seront reconnus et récompensés, où les « patrons voyous » seront sanctionnés et où la pauvreté et les inégalités s’effaceront sous les effets d’une croissance économique retrouvée – ne seront jamais atteints. Le résultat d’une élection n’efface pas la sombre réalité d’un système en déclin. Sarkozy s’est assis sur un fauteuil sous lequel s’accumule une charge de plus en plus puissante de matériel social explosif.

N’oublions pas que Raffarin et de Villepin ont commencé, eux aussi, pleins de cette détermination arrogante qui caractérise le gouvernement actuel. S’ils ont déçu les capitalistes, c’est parce qu’ils ont compris qu’à force de vouloir « aller vite », ils risquaient de plonger le pays dans une situation pré-révolutionnaire. Le cours des événements, à l’époque de la tentative d’imposer le CPE, ressemblait beaucoup à celui qui a précédé la grève générale de 1968, à une différence près : la mobilisation de la jeunesse, en 2006, était encore plus massive, plus générale et mieux organisée que celle des étudiants de 1968. Si Chirac et de Villepin n’avaient pas fait marche arrière, ils auraient perdu tout contrôle de la situation. Ce n’est pas par hasard si Bayrou parlait, à l’époque, d’une « ambiance d’effondrement » au sommet de l’Etat.

De ce point de vue, le côté provocateur et agressif de Sarkozy inquiète les capitalistes eux-mêmes. Et voilà le dilemme des capitalistes. Ils veulent rétablir « l’équilibre » sur le plan économique, c’est-à-dire éliminer les obstacles (les conquêtes sociales) au bon fonctionnement de leur système. Mais, ce faisant, ils risquent de détruire « l’équilibre » social et politique dont dépend la survie du capitalisme. Ce qui garantie cet équilibre n’est ni la loi, ni les sacro-saintes « institutions » ou « valeurs » républicaines, mais l’inertie, l’inaction, la passivité de la masse de la population. Or, une politique de contre-réformes de l’ampleur et de la férocité de celle qu’exige le capitalisme français ne peut être mise en application sans ébranler l’organisme social jusque dans ses profondeurs, sans réveiller la masse jusqu’alors inerte de la population. Et c’est précisément ce réveil qui constitue l’essence d’une révolution.

Dans la gauche française, y compris dans les sections du PCF et du MJCF, on entend souvent des militants affirmer qu’ils ne croient pas au « grand soir ». Autrement dit, ils ne croient pas en la perspective, en la possibilité d’une révolution. En ce faisant, ils reprennent à leur compte une idée fortement enracinée dans les échelons supérieurs du parti. Pour les réformistes qui « dirigent » le PCF (de recul en recul), il n’y aura jamais de révolution socialiste, et ce n’est à leur avis même pas souhaitable. Pour eux, le capitalisme va pouvoir exister paisiblement ad infinitum, et le mieux qu’on puisse espérer est d’en limiter les conséquences négatives par des petites mesures « anti-libérales ». Pour la ridiculiser, la tourner en dérision, on présente la perspective d’une révolution comme celle d’un « grand soir », où les masses se soulèveraient soudainement et comme par enchantement, pour renverser l’ordre capitaliste.

Une révolution se caractérise par l’intervention de la masse de la population dans l’arène politique. Elle est marquée, d’une part, par des périodes de flux et de reflux, au cours desquelles la classe révolutionnaire apprend la nécessité d’en finir avec le capitalisme – et, d’autre part, par des moments décisifs. Mais une révolution n’est jamais l’affaire d’ « un soir ». La révolution russe, par exemple, comme la révolution française de 1789-1794 et comme toutes les révolutions, était un processus, qui s’est étalé de 1905 aux années 1920.

Or, ce type de processus révolutionnaire, comme celui actuellement en cours au Venezuela, en Bolivie, et ailleurs en Amérique latine – est-il une perspective à exclure, à ridiculiser même, en France ? Nous ne le croyons pas. Nous disons – nous, les marxistes du PCF, autour de La Riposte – que non seulement cette perspective n’est pas à exclure, mais que compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouve le capitalisme, de l’impossibilité de trouver, sur la base du capitalisme, une solution aux problèmes tels que le chômage, la pauvreté et la régression sociale, cette perspective est même inévitable, à un certain stade. Les événements, en Amérique latine, montrent à l’Europe son propre avenir. Les mêmes causes produiront, à terme, les mêmes effets. Et ce processus, une fois sérieusement engagé en France, offrira au salariat et à la jeunesse la possibilité concrète d’en finir avec le capitalisme. C’est sur cette perspective que se base le travail de La Riposte et c’est sur elle que devrait se baser le travail du PCF tout entier, s’il veut accomplir la tâche historique qui doit être la sienne dans un tel contexte.

Le marasme économique

Le capitalisme français peut-il éviter la confrontation des classes ? Non, pas indéfiniment. La position du capitalisme français dans le monde ne cesse de se dégrader. L’unification de l’Allemagne s’est traduite par une nette diminution du poids spécifique du capitalisme français dans l’Union Européenne. Elle a été devancée par le Royaume-Uni dans le palmarès des grandes puissances européennes. Dans le reste du monde, ses parts de marché se réduisent partout, y compris dans ses anciennes « chasses gardées » africaines. En recul depuis longtemps face aux Etats-Unis et à l’Allemagne, le capitalisme français perd également du terrain face à la Chine, et ce sur tous les continents. La balance du commerce extérieur de la France a connu une dégradation spectaculaire. Alors que le solde était de +14,7 milliards d’euros en 2001 (en volume et en milliards d’euros, sur la base des prix de l’an 2000), il était successivement de +13,9 milliards en 2002, de +4,1 en 2003, de -7,2 en 2004 et de -20,8 en 2005. En dehors des ventes de matériel de transport, dont notamment l’Aéronautique, la France enregistre une baisse des exportations de pratiquement tous les types de marchandises.

Encore faut-il rappeler – et c’est loin d’être un détail – que cette stagnation et ce déclin économique caractérisent le capitalisme français alors que celui-ci n’a pas encore subi le choc colossal de l’inévitable ralentissement des économies de la Chine et des Etats-Unis ! Lorsque la crise de surproduction en gestation dans ces deux superpuissances se produira, le marasme économique actuel prendra, en comparaison, l’allure d’une véritable « belle époque » !

Mais l’expression la plus éloquente des véritables perspectives du capitalisme français se trouve peut-être dans le niveau des investissements. Toutes catégories confondues, l’évolution de l’investissement était négative en 2002 (-1,8%), et oscille depuis aux alentours de 3%. Plus grave encore, l’investissement industriel – d’une importance décisive pour l’ensemble de l’économie – n’a augmenté que de 1% en 2001, avant de stagner ou de baisser entre 2002 et 2006 (voir le tableau de l’INSEE ci-dessous). Au-delà des discours destinés au grand public sur la viabilité et l’efficacité du capitalisme, ces chiffres sont une preuve sans appel du peu de confiance qu’ont les capitalistes eux-mêmes dans l’avenir de leur système !

Il est vrai que les capitalistes réalisent des profits d’un niveau sans précédents. Mais cela ne fait qu’illustrer, justement, le caractère parasitaire du capitalisme. Car la croissance exponentielle des bénéfices des capitalistes français n’est pas la conséquence de la conquête de nouveaux marchés, mais plutôt de la réduction systématique des coûts par la sous-traitance (y compris à l’étranger), les délocalisations, la baisse des prix des matières premières, le recours au travail précaire, à des contrats aidés, l’externalisation des emplois, la baisse de la masse salariale et tout ce qui concourt au renforcement du taux d’exploitation des salariés – c’est-à-dire à l’augmentation de la part des richesses créées par le travail que conserve le capitaliste. Les profits augmentent sans développement significatif de l’économie nationale, et surtout au détriment des conditions de travail et du niveau de vie de la masse de la population.

Sarkozy veut que les travailleurs se réjouissent de l’idée que le taux de croissance pourrait augmenter, et nous promet un taux de croissance de 4% du PIB. Le gouvernement veut faire croire que la croissance du PIB entraînerait mécaniquement une croissance de l’emploi et du niveau de vie en général. Mais y a-t-il vraiment de quoi s’enthousiasmer, même dans l’hypothèse – au demeurant improbable – que cet objectif soit réellement atteint ? Au cours des 15 dernières années, le taux de croissance du PIB français a oscillé entre -1% et +4,1%. Depuis 2001, il n’a jamais dépassé 2,3%. Mais quelles que soient les variations du taux de croissance d’une année sur l’autre, le fait est que sur l’ensemble de cette période, il n’y pas eu un seul domaine – que ce soit celui de l’emploi, des conditions du travail, de la santé, de l’éducation, du logement ou des retraites – où on peut parler de progrès social. Bien au contraire, sur l’ensemble de cette période, les inégalités sociales se sont aggravées, la précarité de l’emploi s’est généralisée et les différentes manifestations de la « grande misère » sont devenues de plus en plus visibles, palpables.

Le déclin du capitalisme français signifie que la richesse et le pouvoir des capitalistes ne peuvent être maintenus qu’en effectuant, par tous les moyens possibles, une réduction de la part des richesses qui revient aux travailleurs et à leur famille, que ce soit sous la forme de salaires, d’allocations, de retraites, ou par le biais des dépenses de l’Etat sur la santé et l’éducation. Ceci serait tout aussi vrai sous un gouvernement de gauche – aussi « anti-libéral » fût-il dans ses intentions – que sous la droite. Dans la mesure où ses dirigeants ont renoncé à remettre en cause le capitalisme, si le Parti Socialiste avait remporté les élections, il n’aurait eu d’autre choix que de mettre sa politique économique et sociale en conformité avec les lois de ce système. Quant au PCF, son programme actuel est sous-tendu par une idée parfaitement insensée, selon laquelle il serait possible de maintenir le capitalisme tout en le faisant fonctionner suivant une « logique anti-capitaliste ». Pour maintenir et augmenter les profits des capitalistes, le travailleur est mis en concurrence, non seulement avec les autres travailleurs de France, non seulement avec les travailleurs d’Europe centrale, mais aussi – et d’une façon de plus en plus brutale et flagrante – avec la main d’œuvre de la Chine, de la Thaïlande, du Pakistan ou de l’Inde, avec la menace du chômage à la clé. Voilà ce que sont les véritables perspectives pour les travailleurs, sous le capitalisme, et ce indépendamment du taux de croissance. Et voilà ce qui est de notre devoir d’expliquer aux travailleurs et à la jeunesse, non seulement afin de contrecarrer la propagande trompeuse et mensongère de la droite et des médias, mais aussi pour leur faire comprendre l’impuissance du réformisme à notre époque, pour leur faire prendre conscience de la nécessité impérieuse de mettre fin à la domination de la classe capitaliste, de la nécessité du socialisme.

Le réformisme « anti-libéral »

Ceci nous amène à la question de l’avenir du PCF et de la gauche en général. Selon la presse capitaliste et les grands médias, le PCF n’aurait pas du tout d’avenir. Le parti y est présenté comme un anachronisme, une survivance désuète et inutile du passé. Que les apologues du capitalisme parlent du PCF en ces termes ne devrait surprendre personne. Cela n’a rien de scandaleux. Les défenseurs du capitalisme ne présenteront jamais le communisme ou le Parti Communiste sous un jour favorable. Ce qui est véritablement scandaleux, par contre, c’est que ce même discours soit repris et répandu par d’éminents représentants du parti lui-même, comme Jean-Claude Gayssot, connu pour les privatisations qu’il a pilotées pour le compte du gouvernement Jospin. Dans Le Parisien du 11 mai 2007, Gayssot déclare qu’il est temps « de dépasser la référence stricte au Parti Communiste » et demande « à quoi [il] servirait de prolonger des références qui n’ont plus d’avenir ». Patrick Braouezec, Pierre Zarka et leurs amis sont sur la même longueur d’onde.

Pour La Riposte, qui représente, de facto, la tendance marxiste dans le PCF, cette appréciation des perspectives du PCF est complètement fausse. Ou plus exactement, nous refusons catégoriquement l’idée selon laquelle il y aurait quelque chose d’inéluctable – c’est-à-dire d’inscrit dans les conditions objectives de notre époque – dans les reculs enregistrés par le parti au cours de la dernière période. Bien au contraire, compte tenu des perspectives réelles du capitalisme, de l’impossibilité d’empêcher la régression sociale dans le cadre de ce système, et compte tenu de l’ampleur des mobilisations des travailleurs et des jeunes qui nous attendent dans les années à venir, les conditions objectives qui existent en France sont favorables au PCF. Le virage vers le coalitionnisme voulu par la direction du PS – s’il n’est pas bloqué par la base socialiste – devrait ouvrir un espace de développement encore plus important pour le parti.

Mais entre un développement potentiel et un développement réel, il n’y a rien d’automatique. Encore faut-il que le programme et la stratégie du parti tiennent pleinement compte de l’impasse du capitalisme – et donc du réformisme – et propose un programme révolutionnaire pour mettre fin à la propriété capitaliste des grands moyens de production. L’affaiblissement du PCF n’est pas la conséquence de conditions objectives défavorables, mais celle de son évolution politique interne.

Contrairement à ce que prétendent des liquidateurs tels que Gayssot, Hue et Braouezec, le problème n’est pas le communisme ou le marxisme, qui selon eux n’auraient plus d’avenir. Au contraire, le problème est précisément l’abandon du communisme par les dirigeants du parti. Le comportement servile des dirigeants du PCF au gouvernement (en 1981-1984 et en 1997-2002) a convaincu l’électorat communiste – ainsi que la majorité de la couche la plus militante et combative du salariat, qui formait le socle de sa base sociale traditionnelle – que malgré le ton plus radical de son discours, le PCF ne représente pas, dans la pratique, une alternative sérieuse au réformisme du Parti Socialiste. A leurs yeux, un PCF qui a cautionné des privatisations, et bien d’autres mesures totalement incompatibles avec les intérêts des travailleurs, ne sert à rien.

Progressivement vidé de tout ce qui ressemblait de près ou de loin aux idées du socialisme révolutionnaire, le programme du PCF est devenu de plus en plus ouvertement réformiste, de plus en plus proche, sur les questions essentielles, de celui du Parti Socialiste, précisément à une époque où, au gouvernement comme dans l’opposition, le réformisme « socialiste » a démontré sa faillite. La lutte pour en finir avec le capitalisme a été remplacée par le langage confus et insipide du réformisme « anti-libéral ». Les textes du parti sont parsemés de notions abstraites et farfelues puisées dans le charabia petit-bourgeois et « altermondialiste » de groupements comme ATTAC ou la Fondation Copernic. La réalisation du socialisme a été remplacée par l’illusion d’une possible économie capitaliste « équitable », la lutte contre l’impérialisme par le « dialogue Nord-Sud », la nationalisation des banques et des entreprises par une véritable usine à gaz de propositions « régulatrices ». Le programme du parti offre des « bonus » et des crédits moins chers aux capitalistes qui se comportent bien, et menace les capitalistes « irresponsables » d’amendes et de taxes punitives.

Chaque pas dans la direction de ce réformisme timide a été naturellement applaudi et encouragé par les rédactions de la presse « bien pensante », ainsi que par les incorrigibles petits bourgeois et autres « bovistes » surexcités qui grouillaient dans les « collectifs anti-libéraux ». « Enfin, le PCF se débarrasse de ses dogmes ! », disent-ils. « Mais encore un effort ! ». Cependant, auprès des travailleurs, des militants syndicaux dans les entreprises, et auprès de la masse des victimes du capitalisme, c’est-à-dire auprès des gens qui nous intéressent, il est pratiquement impossible de défendre ce programme. Ce n’est tout simplement pas crédible. Et c’est pour cette raison que les militants qui se sentent capables de l’assumer sont de moins en moins nombreux.

A une époque où, dans toutes les entreprises, la moindre baisse de rentabilité fait planer sur les travailleurs la menace d’une réduction des effectifs, d’une délocalisation ou de la fermeture pure et simple de l’établissement, le réformisme « anti-libéral » propose d’imposer aux employeurs toutes sortes de restrictions, d’obligations et de pénalités plus ou moins coûteuses, mais n’ose pas poser la question de la propriété de l’entreprise. Car voyez-vous, la nationalisation, l’expropriation des capitalistes, la gestion démocratique de l’économie par les travailleurs eux-mêmes, en un mot tout ce qui constitue un programme véritablement communiste et révolutionnaire, ce ne sont pas là des « idées modernes » ! En conséquence, les travailleurs – y compris les sympathisants du PCF – finissent par hausser les épaules, en se disant : « C’est gentil d’avoir pensé à nous. Mais si on appliquait ne serait-ce que le quart de ces mesures, ici, le patron mettrait la clé sous la porte dès le lendemain ! ». Si le capitalisme est le seul système possible, se disent de nombreux travailleurs – et qui dira le contraire, puisque même le Parti « Communiste » ne remet plus en question la propriété capitaliste ? – alors il va falloir faire avec, être réaliste, ne pas demander trop, baisser la tête et espérer au moins conserver son emploi le plus longtemps possible. Dénoncer les patrons, proposer des mesurettes destinées à nuire à leurs intérêts, à réduire leurs profits, à leur imposer des restrictions de toutes sortes, mais laisser leur pouvoir intact – le pouvoir de la propriété –, c’est un programme qui finirait par se retourner contre les salariés eux-mêmes.

Cela ne signifie pas, bien évidemment, que le mouvement communiste ne doit pas présenter un programme de revendications « immédiates » dans les domaines économique et social. Bien au contraire : le PCF se doit d’être en première ligne de tous les combats pour l’extension des droits, la défense des acquis et l’amélioration des conditions de vie des salariés, de la jeunesse, des chômeurs et des retraités. Il ne s’agit pas de rester les bras croisés, en se limitant à l’affirmation de la nécessité du socialisme. Par contre, il faut affirmer et expliquer cette nécessité, en la mettant en rapport avec les luttes plus « immédiates », plus « concrètes ». Par la propagation du programme et des idées du socialisme révolutionnaire, le PCF et le MJCF contribueraient grandement à l’éducation politique des travailleurs et des jeunes, leur donnerait un programme, un projet de société, un but, une alternative claire au capitalisme.

Quelle est donc l’approche générale qu’il faut adopter envers les travailleurs, afin d’élever leur niveau de conscience politique et de les aider à se libérer de leurs illusions réformistes ? Il faut leur dire, en substance, qu’ils peuvent compter sur nous, les communistes, pour les appuyer, pour lutter coude à coude avec eux sur tous les fronts : défense de l’emploi, pouvoir d’achat, droit au travail, droits politiques, conditions de logement, éducation, santé, la lutte contre le racisme, etc. Il faut leur dire qu’au niveau national, les communistes s’efforceront de présenter une plateforme revendicative qui donne une expression générale à leur objectifs et aspirations dans ces différents domaines : réduction de la semaine du travail, indexation des salaires sur le coût de la vie, gel des loyers, construction de logements sociaux, droit de vote des étrangers – entre autres. Mais en même temps, il faut faire clairement comprendre au plus grand nombre possible des travailleurs et des jeunes qu’il s’avèrera impossible de défendre leur niveau de vie, quel que soient le nombre et l’ampleur des luttes qu’ils peuvent mener, tant que le pouvoir économique reste entre les mains des capitalistes. Tant que ce pouvoir existe, ce que les travailleurs gagnent aujourd’hui sera perdu demain, et les attaques qui sont repoussées aujourd’hui se reproduiront demain. C’est pourquoi les communistes doivent compléter leur programme par la revendication de la nationalisation de toutes les banques, des compagnies d’assurance et de crédit, ainsi que de tous les grands groupes du secteur industriel, du commerce, des services et des communications, qui doivent être arrachés des mains des capitalistes et placés directement sous le contrôle et la direction des travailleurs eux-mêmes, à tous les niveaux.

Bien évidemment, ce programme ne sera pas immédiatement compris et accepté par tous les travailleurs et toute la jeunesse. Mais s’il est correctement expliqué, faits et chiffres à la clé, et en s’appuyant sur l’expérience collective et pratique des travailleurs eux-mêmes – qui savent bien, justement, que leurs acquis sont constamment menacés –, ce programme obtiendrait l’adhésion d’une fraction importante de la couche la plus consciente, la plus avancée et militante de notre classe. Auprès de ceux qui le trouveraient dans un premier temps trop radical, trop extrême, les communistes auront au moins planté un drapeau, un point de référence, un programme. Et au fur et à mesure que les explications et les perspectives des communistes seraient confirmées par le cours des événements, les travailleurs seraient de plus en plus nombreux à le soutenir, surtout dans des conditions de luttes massives comme celles qui ont eu lieu contre les retraites et contre le CPE. C’est ainsi que le PCF pourrait commencer à sérieusement renforcer sa base de soutien chez les jeunes et chez les travailleurs les plus conscients et combatifs – et, à travers eux, à reprendre plus profondément racine dans le mouvement ouvrier, dans les quartiers et dans les entreprises.

Le PCF peut remonter la pente ; il doit remonter la pente. La situation actuelle lui offre d’énormes possibilités, à condition de tourner le dos aux idées décousues du réformisme « anti-libéral » et de l’« économie équitable », qui ne peuvent que semer davantage de confusion, et de se réarmer politiquement sur la base des idées du marxisme et du programme du socialisme révolutionnaire.

C’est dans ce sens que La Riposte veut pousser le parti. Elle travaille à défendre les idées du marxisme dans le parti et dans la jeunesse. Les idées de La Riposte répondent aux attentes et aux aspirations de nombreux communistes, dans le MJCF comme dans le parti. Pour poursuivre sa tâche, elle a besoin de leur aide, de leur soutien actif, de leur participation. Il y va de l’avenir du parti. Car si le PCF, comme le souhaitent manifestement certains, se laissait entraîner vers une politique qui s’accommode encore plus du système capitaliste, il ne serait jamais autre chose que la cinquième roue de la social-démocratie, et perdrait encore du terrain.

Et au-delà de l’avenir du parti, c’est celui des travailleurs et des jeunes qui est en jeu. Le Parti Communiste doit redevenir un parti révolutionnaire, dans son programme, dans son action, dans son tempérament. Le capitalisme n’offre plus que la régression, le déclin, la crise permanente, la destruction des conquêtes sociales. Aucune société ne peut continuer indéfiniment sur cette pente. Le socialisme n’est donc pas une utopie, mais une nécessité. La tâche des communistes est de se mettre en phase avec cette nécessité et de lui donner une expression concrète dans leur programme, dans leur théorie et dans la pratique.


Greg Oxley, PCF Paris
JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,
Premiers signataires : Yvan Coppin (Section PCF de Le Portel, membre du CD du PCF 62.), Julien Defontaine (Section PCF de Lille.), Xavier Dubois (Section PCF d’Hellemmes, membre du CD du PCF 59.), Ulrich Savary (Section PCF de Marcq en Baroeul), Benjamin Vandekerckhove (Section PCF de Pont à Marcq), Quentin Le Matt (Section PCF de Seclin)
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1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 16:45
Introduction à la théorie économique de Karl Marx

 Introduction à la théorie économique de Marx

Ce texte a été rédigé par les marxistes britanniques Rob Sewell et Alan Woods, au début des années 1970. En le traduisant, nous avons conservé les références à l’économie anglaise, comme par exemple les noms des entreprises capitalistes britanniques. Seule exception : dans les exemples faisant intervenir des valeurs monétaires, nous avons remplacé la livre sterling par l’euro, de façon à ce que la démonstration soit la plus claire possible.
Introduction

Sous l’impact de la crise du capitalisme, de nombreux tra­vailleurs s’intéressent à l’économie. Ils veulent comprendre les forces qui gouvernent leur existence. L’objectif de ce texte est de leur offrir, non pas un exposé complet de la théorie économique, mais une introduction aux lois élémentaires du fonctionnement du système capitaliste.

La superficialité des économistes pro-capitalistes est révélée par leur inaptitude à comprendre la crise qui frappe leur système. Leur rôle est de dissimuler l’exploitation de la classe ouvrière et de « prouver » la supériorité du système capitaliste. Mais leurs « théories » et « solutions » ne peuvent rien face au pourrissement du capitalisme. Seule la transformation socialiste de la société et l’introduction d’une économie planifiée permettront d’en finir avec l’enfer du chômage, des récessions et du chaos.

L’aile droite de la direction du mouvement ouvrier a remplacé Keynes, son vieil idole, par des solutions économiques « orthodoxes » : coupes budgétaires, restriction des salaires et déflation monétaire. De leur côté, les réformistes de gauche s’accrochent toujours aux politiques capitalistes du passé - relance par la consommation, restriction des importations, etc. - qui ont déjà montré leur complète inefficacité.

Seule une analyse marxiste du capitalisme permettra aux travailleurs conscients de réfuter les mensonges des économistes bourgeois et de combattre leur influence au sein du mouvement ouvrier.

Les conditions nécessaires à l’existence du capitalisme

La production moderne est concentrée entre les mains d’entreprises gigantesques. Unilever, ICI, Ford, British Petroleum : ces grandes firmes do­minent nos vies. Il est vrai qu’il existe de petites entreprises, mais elles représentent le mode de production du passé, non celui du présent. La production moderne est essentiellement massive, de grande échelle.

Aujourd’hui, en Grande-Bretagne, 200 entreprises et 35 banques (ou compagnies financières) contrôlent l’économie du pays, réalisant 85% de la production nationale. Ce développement s’est accompli au cours de ces derniers siècles à travers une compétition impitoyable, des crises et des guerres. A l’époque où les économistes classiques prédisaient l’essor du « libre commerce », Marx expliquait comment la concurrence déboucherait sur le monopole, les entreprises les plus faibles étant éliminées.

De prime abord, il pourrait sembler que la production de biens est avant tout destinée à satisfaire les besoins de la population. C’est évidemment une nécessité à laquelle doit répondre toute forme de société, quelle qu’elle soit. Mais sous le capitalisme, les biens ne sont pas simplement produits pour satisfaire des besoins : ils le sont avant tout pour être vendus. C’est là la fonction essentielle de l’industrie capitaliste. Comme le disait Lord Stokes, ancien président de British Leyland : « Je fais de l’argent, pas des voitures ». C’est là une expression parfaite des aspirations de l’ensemble de la classe capitaliste.

Le mode de production capitaliste suppose qu’un certain nombre de conditions soient rassemblées. Tout d’abord, il faut qu’existe une large classe de travailleurs sans propriété [1], qui par conséquent sont obligés de vendre leur force de travail pour vivre. Ceci signifie que, sous le capitalisme, la conception libérale d’une « démocratie de propriétaires » est une absurdité, car si la masse de la population possédait suffisamment de propriété pour subvenir à ses propres besoins, les capitalistes ne trouveraient pas de travailleurs pour générer leurs profits.

Deuxièmement, les moyens de production doivent être concentrés entre les mains des capitalistes. Au cours de plusieurs siècles, les petits paysans et tous ceux qui possédaient leurs propres moyens de subsistance furent impitoyablement éliminés. Les capitalistes et les grands propriétaires terriens firent main basse sur leurs moyens de subsistance, et embauchèrent des travailleurs pour y travailler et créer de la plus-value.

La valeur et les marchandises

Comment le capitalisme fonctionne-t-il ? De quelle façon les travailleurs sont-ils ex­ploités ? D’où vient le profit ? Pourquoi y a-t-il des crises ?

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord découvrir la clé du problème, c’est-à-dire répondre à la question : qu’est-ce que la valeur ? Une fois ce mystère élucidé, tout le reste en découle. Une compréhension de ce qu’est la valeur est essentielle à l’intelligence de l’économie capitaliste.

Pour commencer, toutes les entreprises capitalistes produisent des biens ou des services - ou plus exactement des marchandises , c’est-à-dire des biens ou des services qui ne sont produits que pour être vendus. Bien sûr, on peut produire quelque chose pour son propre usage personnel. Avant l’avènement du capitalisme, c’est ce que faisaient beaucoup de gens. Mais ces produits n’étaient pas des marchandises. Le capitalisme se caractérise en premier lieu, selon l’expression de Marx, par une « immense accumulation de marchandises ». C’est pour cette raison que Marx a commencé ses recherches sur le capitalisme par une analyse des caractéristiques de la marchandise.

Toute marchandise a une valeur d’usage  : elle est utile au moins à certaines per­sonnes (sans quoi elle ne pourrait être vendue). La valeur d’usage d’une marchandise se limite à ses propriétés physiques.

Mais en plus de cette valeur d’usage, toute marchandise a également une valeur d’échange . Qu’est-ce que cette valeur et comment la détermine-t-on ?

Si, pour le moment, on fait abstraction de la question de l’argent, on constate que les marchandises s’échangent suivant certaines proportions. Par exemple :

1 paire de chaussures
= 10 mètres de tissu
ou 1 une montre
ou 3 bouteilles de Whisky
ou 1 un pneu de voiture

Chacun des biens de la colonne de gauche peut être échangé contre 10 mètres de tissu. Suivant les mêmes proportions, ils peuvent également s’échanger les uns contre les autres.

Ce simple exemple montre que la valeur d’échange de ces différentes marchandises exprime une équivalence de quelque chose qui est contenu en elles. Mais qu’est-ce qui fait qu’une paire de chaussures = 10 mètres de tissu ? Ou qu’une montre = 3 bouteilles de Whisky - et ainsi de suite ?

Il est clair qu’il doit y avoir quelque chose de commun à ces différentes marchandises. Ce n’est évidemment pas leur poids, leur couleur ou leur consistance. Et encore une fois, cela n’a rien à voir avec leur utilité. Après tout, le pain (une nécessité) a beaucoup moins de valeur qu’une Rolls Royce (qui est un produit de luxe). Dès lors, quelle est la qualité qui leur est commune ? La seule chose qu’ils ont en commun, c’est le fait d’être des produits du travail humain .

La quantité de travail humain contenu dans une marchandise s’exprime en temps : semaines, jours, heures, minutes. Autrement dit, toutes les marchandises citées dans notre exemple peuvent être exprimées en terme de ce qu’elles ont en commun : le temps de travail. Soit :

5 heures (de travail) de chaussures

5 heures (de travail) de pneu

5 heures (de travail) de montre

5 heures (de travail) de Whisky

Le travail

Si on considère les marchandises en tant que valeurs d’usage (en tant qu’elles sont utiles), on les voit comme les produits d’un type de travail particulier - le travail du cordonnier, de l’horloger, etc. Mais dans l’échange, les marchandises sont considérées différemment. Leur caractère spécifique est mis de côté et elles apparaissent comme autant d’unités de travail en général , ou encore de « travail moyen ».

Il est vrai que les marchandises produites par du travail qualifié contiennent plus de valeur que celles produites par du travail non qualifié. Par conséquent, dans l’échange, les unités de travail qualifié se réduisent à tant d’unités de travail non qualifié. Par exemple, on pourrait avoir le ratio : 1 unité de travail qualifié = 3 unités de travail non qualifié. Autrement dit, suivant cet exemple, le travail qualifié vaudrait trois fois plus que le travail non qualifié.

Ainsi, la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de « travail moyen » nécessaire à sa production (soit le temps de travail qu’il faut pour la produire). Mais si on en reste là, il pourrait sembler que les travailleurs les plus lents produisent plus de valeur que les travailleurs les plus efficaces !

Prenons l’exemple d’un cordonnier qui, pour produire ses chaussures, utilise les méthodes obsolètes du Moyen Age. Ce faisant, il lui faut toute une journée pour fabriquer une paire de chaussures. Et lorsqu’il essaye de les vendre sur le marché, il s’aperçoit qu’il ne peut pas en tirer plus, en terme de prix, que des chaussures semblables produites par des usines modernes et mieux équipées.

Si de telles usines modernes produisent une paire de chaussure en, disons, une demi-heure, elles contiendront moins de travail (donc moins de valeur), et seront vendues à moindre prix. Dès lors, celui qui fabrique ses chaussures semblables avec des méthodes médiévales sera bientôt ruiné. Après une demi heure, le travail qu’il réalise pour produire ses chaussures est du travail perdu, du travail non nécessaire dans le cadre des conditions de production modernes. S’il veut échapper à la faillite, il sera forcé d’adopter les techniques modernes et de produire des chaussures en un temps au moins égal à celui développé par la société.

A chaque époque donnée, à laquelle correspond un « travail moyen » déterminé par un certain niveau de la technique, des méthodes de production, etc., toutes les marchandises exigent pour leur production un temps donné. Ce temps est déterminé par le niveau de la technique productive de la société à ce moment précis. Comme le disait Marx, toutes les marchandises doivent être produites dans un temps de travail socialement nécessaire . Tout temps de travail qui s’étend au-delà de ce temps de travail socialement nécessaire sera du travail inutile, ce qui provoque la hausse des prix et rend le produit concerné non compétitif.

En somme, pour être précis, la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire qui y est incorporée. Naturellement, ce temps de travail change continuellement, au fur et à mesure que de nouvelles méthodes et techniques de travail sont introduites. La concurrence ruine les producteurs dont la technique n’évolue pas suffisamment vite.

Ainsi, nous pouvons comprendre pourquoi les pierres précieuses ont davantage de valeur que les marchandises du quotidien. Il faut davantage de temps de travail socialement nécessaire pour trouver et extraire la pierre que pour la confection des marchandises ordinaires. Sa valeur en est d’autant plus grande.

Encore une fois, une chose peut être une valeur d’usage sans avoir la moindre valeur d’échange, c’est-à-dire une chose utile qui n’a demandé aucun temps de travail nécessaire à sa production : l’air, les rivières, les sols vierges, etc. Ainsi, le travail n’est pas la seule source de richesse (de valeurs d’usages) : la nature en est une autre.

D’après ce qui précède, on voit qu’une augmentation de la productivité, si elle augmente le nombre de choses produites (la richesse matérielle), peut réduire la valeur des choses en question - parce qu’elles contiendront moins de quantité de travail. Ainsi, d’une augmentation de la productivité résulte une augmentation de la richesse : avec deux manteaux, deux personnes peuvent se vêtir, et seulement une avec un manteau. Cependant, l’augmentation de la quantité de richesses matérielles peut s’accompagner d’une chute de sa valeur d’échange, parce qu’elle recèle moins de temps de travail socialement nécessaire.

L’argent

Historiquement, du fait des difficultés liées à l’échange par le troc, un type de marchandise donné était fréquemment utilisé comme « monnaie ». Au cours des siècles, l’une de ces marchandises - l’or - s’est imposée comme l’« équivalent universel ».

Au lieu de dire que telle marchandise vaut tant de beurre, de viande ou de tissu, elle est exprimée en termes d’or. Le prix est l’expression monétaire de la valeur. L’or fut adopté comme équivalent universel du fait de ses caractéristiques. Il concentre une grande valeur dans peu de volume, peut être facilement divisé en quantités différentes, et est également très résistant.

Comme pour toute marchandise, la valeur de l’or est déterminée par la quantité de travail qui y est incorporée. Disons, par exemple, qu’il faut 40 heures de travail pour produire une once d’or. Dès lors, toutes les autres marchandises nécessitant le même temps de production vaudront une once d’or. Celles qui nécessiteront deux fois moins de temps vaudront deux fois moins, etc. Ainsi :

Une once d’or = 40 heures de travail

1/2 once d’or = 20 heures de travail

1/4 d’once d’or = 10 heures de travail

Et donc :

Une mobylette (40 heures de travail) = une once d’or

Une table (10 heures de travail) = 1/4 d’once d’or

Du fait des modifications permanentes de la technique et de l’augmentation de la productivité du travail, les valeurs des marchandises ne cessent de fluctuer. En ce qui concerne l’échange entre marchandises, l’or joue le rôle de mesure. Ceci dit, bien qu’elle soit la plus stable, la valeur de l’or est elle aussi en mouvement permanent, étant donné qu’aucune marchandise n’a de valeur totalement fixe.

Le prix des marchandises

La loi de la valeur gouverne le prix des biens. Comme expliqué plus haut, la valeur d’une marchandise est égale à la quantité de travail qu’elle contient. Et en théorie, la valeur est égale au prix. Cependant, en réalité, le prix d’une marchandise tend à se situer au dessus ou au dessous de sa valeur réelle. Cette fluctuation est provoquée par différentes influences qui s’exercent sur les prix de vente, comme la concentration du capital et le développement des monopoles. Les fluctuations entre la demande et l’offre sont également un facteur important. S’il y a un surplus de telle marchandise sur le marché, son prix aura tendance à baisser en dessous de sa valeur réelle, alors qu’il s’élèvera au dessus de cette valeur en cas de pénurie. Cela a mené les économistes bourgeois à considérer que le rapport entre l’offre et la demande était le seul facteur déterminant le prix d’une marchandise. Mais ils étaient incapables d’expliquer pourquoi le prix fluctuait toujours autour d’un certain point déterminé. Or, ce point n’est pas fixé par l’offre et la demande, mais par le temps de travail nécessaire à la production de la marchandise. Un camion vaudra toujours plus cher qu’un sac plastique.

Le profit

Certains « savants » défendent la théorie selon laquelle les profits viennent du fait de vendre plus cher qu’on n’achète. Dans Salaire, Prix et Profit , Marx explique le non-sens de cet argument :

« Ce qu’un homme gagnerait constamment comme vendeur, il lui faudrait le perdre constamment comme acheteur. Il ne servirait à rien de dire qu’il y a des gens qui sont acheteurs sans être vendeurs, ou consommateurs sans être producteurs. Ce que ces gens paient au producteur, il faudrait tout d’abord qu’ils l’aient reçu de lui pour rien. Si un homme commence par vous prendre votre argent et vous le rend ensuite en vous achetant vos marchandises, vous ne vous enrichirez jamais, même en les lui vendant trop cher. Cette sorte d’affaire peut bien limiter une perte, mais elle ne peut jamais contribuer à réaliser un profit. »

La force de travail

Lorsqu’il prend en considération les différents « facteurs de production » relatifs à la marche de son entreprise, le capitaliste considère le « marché du travail » comme une branche parmi d’autres du marché général. Les compétences et les capacités des travailleurs ne sont pour lui que des objets, des marchandises parmi d’autres. Ainsi, il embauche des « bras ».

Ici, il est nécessaire d’établir clairement ce que le capitaliste achète au travailleur. En fait, ce dernier ne vend pas son travail , mais sa capacité de travail - ce que Marx appelait sa force de travail .

La force de travail est une marchandise dont la valeur est soumise aux mêmes lois que celle des autres marchandises. Cette valeur est elle aussi déterminée par le temps de travail nécessaire à sa production. Or, la force de travail est la capacité à travailler du salarié. Elle est « consommée » par le capitaliste au cours de la journée de travail. Mais cela présuppose l’existence, la santé et la force du travailleur. Par conséquent, la production de la force de travail signifie l’ « entretien » du travailleur - et sa reproduction, qui fournit ainsi au capitaliste une nouvelle génération de « bras ».

Ainsi, le temps de travail nécessaire à l’entretien du travailleur - de son aptitude à travailler - est égal au temps de travail nécessaire à la production de ses moyens de subsistance et ceux de sa famille : la nourriture, les vêtements, le logement, etc. La quantité que cela représente varie selon les pays, les climats et les périodes historiques. Ce qui suffit à la subsistance d’un travailleur de Calcutta ne suffirait pas à celle d’un mineur gallois. Ce qui suffisait à la subsistance d’un mineur gallois il y a un demi-siècle ne suffirait pas à celle d’un métallurgiste de nos jours. A la différence des autres marchandises, il entre ici un élément historique et même moral. Ceci dit, dans un pays donné, à un stade donné de son développement historique, un « niveau de vie » général s’établit. Soit dit en passant, c’est précisément la création de nouveaux besoins qui est le moteur de toutes les formes de progrès humain.

Escroquerie ?

A une certain stade du développement de la technique capitaliste, en plus de la reproduction quotidienne de la force de travail et de l’espèce des travailleurs, le capitaliste doit également fournir de quoi assurer aux salariés le niveau d’éducation requis par l’industrie moderne, ce qui permet de maintenir et d’augmenter leur productivité.

A la différence des autres marchandises, la force de travail n’est payée qu’après avoir été consommée. Ainsi, avant de toucher leur paie à la fin du mois, les travailleurs accordent pour ainsi dire un prêt gratuit aux employeurs !

Mais malgré cela, le travailleur n’est pas escroqué. Il a librement donné son assentiment à l’accord trouvé. Comme c’est le cas de toutes les marchandises, des valeurs équivalentes sont échangées : la marchandise du travailleur, sa force de travail, a été vendue au patron au « prix du marché ». Tout le monde est satisfait. Et si le travailleur ne l’est pas, il est libre de partir et de trouver ailleurs du travail - s’il le peut.

Ceci dit, la vente de la force de travail pose un problème. Si « personne n’est escroqué », si le travailleur reçoit, sous la forme du salaire, la pleine valeur de sa marchandise, en quoi consiste l’exploitation ? D’où vient le profit que réalise le capitaliste ?

L’explication réside dans le fait que le salarié a vendu, non pas son travail (qui est réalisé dans le processus du travail), mais sa force de travail - sa capacité à travailler. Une fois que le capitaliste en a fait l’acquisition, il est libre d’en user comme il l’entend. Comme l’expliquait Marx : « Dès lors que le salarié entre sur le lieu de travail, la valeur d’usage de sa force de travail, ainsi que son utilisation, qui consiste en travail, appartient au capitaliste. »

La plus-value

Comme nous allons le voir dans l’exemple suivant, la force de travail qu’achète le capitaliste est la seule marchandise qui, lors de sa consommation, produit un supplément de valeur au-delà de sa valeur propre.

Prenons, par exemple, un travailleur qui file du coton. Admettons qu’il est payé 5 euros de l’heure et travaille huit heures par jour. Au bout de quatre heures, il a produit une quantité donnée de fil d’une valeur de 100 euros. Cette valeur de 100 euros peut être divisée ainsi :

Matières premières : 50 euros (coton, broche, électricité)

Détérioration : 10 euros (usage et déchirures)

Nouvelle valeur : 40 euros.

La nouvelle valeur qui a été crée en quatre heures permet de payer le salaire du travailleur pour les 8 heures de sa journée complète. A ce stade, le capitaliste a donc couvert tous ses frais (y compris l’intégralité de la « charge salariale ». Mais pour l’instant, aucune plus-value (profit) n’a encore été créée.

Au cours des quatre heures suivantes, le salarié va à nouveau produire 50 kilos de fil, d’une valeur de toujours 100 euros. Et à nouveau, 40 euros de nouvelle valeur vont être créés. Mais cette fois-ci, les frais en salaire sont déjà couverts. Ainsi, cette nouvelle valeur (40 euros) est une « plus-value ». Comme le disait Marx, la plus-value (ou profit) est le travail impayé de la classe ouvrière . De celle-ci proviennent la rente du propriétaire terrien, les intérêts du banquier et le profit de l’industriel.

La journée de travail

Le secret de la production de plus-value réside dans le fait que le travailleur continue de travailler longtemps après avoir produit la valeur nécessaire à la reproduction de sa force de travail (son salaire). « Le fait qu’une demi-journée de travail suffise à maintenir le travailleur en vie ne l’empêche nullement de travailler la journée entière. » (Marx)

Le travailleur a vendu sa marchandise et ne peut se plaindre de la façon dont elle est utilisée, pas plus que le tailleur ne peut vendre une veste et demander à son client de ne pas la porter aussi souvent qu’il le souhaite. Par conséquent, la journée de travail est organisée par le capitaliste de façon à tirer le maximum de profit de la force de travail qu’il a acheté. C’est là que réside le secret de la transformation de monnaie en capital.

Le capital constant

Dans la production elle-même, les machines et les matières premières perdent leur valeur. Elles sont progressivement consommées et transfèrent leur valeur dans la nouvelle marchandise. C’est clair dans le cas des matières premières (bois, métal, pétrole, etc), qui sont complètement consommées dans le processus de production, pour ne réapparaître que dans les propriétés de l’article produit.

Les machines, par contre, ne disparaissent pas de la même manière. Mais elles se détériorent au cours de la production. Elles meurent lentement. Il est aussi difficile de déterminer l’espérance de vie d’une machine que d’un individu. Mais de même que les compagnies d’assurance, grâce aux moyennes statistiques, font des calculs très précis (et profitables) sur l’espérance de vie des hommes et des femmes, de même les capitalistes peuvent déterminer, par l’expérience et le calcul, combien de temps une machine devrait être utilisable.

La détérioration des machines, la perte quotidienne de leur valeur, est calculée sur cette base et ajoutée au coût de l’article produit. Par conséquent, les moyens de production ajoutent à la marchandise leur propre valeur, au fur et à mesure qu’ils se détériorent au cours du processus productif. Ainsi, les moyens de production ne peuvent transférer à la marchandise davantage de valeur qu’ils ne peuvent eux-mêmes en perdre dans le processus de production. C’est pourquoi on les qualifie de « capital constant ».

Le capital variable

Alors que les moyens de production n’ajoutent aucune nouvelle valeur aux marchandises, mais ne font que se détériorer, la force de travail ajoute de la nouvelle valeur par l’acte du travail lui-même. Si le processus de travail s’arrêtait au moment où le salarié a produit des articles d’une valeur égale à celle de sa force de travail (au bout de quatre heures - 40 euros - dans notre exemple) la valeur supplémentaire créée par son travail se réduirait à cela.

Mais le processus de travail ne s’arrête pas là. Sinon, le gain du capitaliste n’équivaudrait qu’au salaire qu’il doit verser au salarié. Or les capitalistes n’embauchent pas des travailleurs par charité mais pour faire des profits. Après avoir « librement » accepté de travailler pour le capitaliste, le salarié doit travailler assez longtemps pour produire une valeur supérieure à celle qu’il percevra sous forme de salaire.

Les moyens de production (machines, équipements, bâtiments, etc.) et la force de travail - tous deux considérés comme des « facteurs de production » par les économistes bourgeois - représentent les différentes formes que prennent le capital original dans la deuxième étape du processus de production capitaliste : argent (achat) - marchandise (production) - argent (vente).

Les économistes bourgeois considèrent ces facteurs comme équivalents. Le marxisme, lui, fait la distinction entre la partie du capital qui n’est marquée par aucun changement de sa valeur lors du processus de production (les machines, les outils et les matières premières), à savoir le capital constant (C), et la partie, représentée par la force de travail, qui créé de la nouvelle valeur, c’est-à-dire le capital variable (V). La valeur totale d’une marchandise est composée du capital constant, du capital variable et de la plus-value, soit : C + V + Pv.

Travail nécessaire et surtravail

Le travail effectué par les salariés peut être divisé en deux parties :

1. Le travail nécessaire . C’est la partie du processus de production nécessaire à la couverture des frais en salaires.

2. Le surtravail ( ou travail impayé) . C’est le travail effectué en plus du travail nécessaire, et qui produit le profit.

Pour accroître ses profits, le capitaliste cherche toujours à réduire la part des frais salariaux. Pour cela, il s’efforce, premièrement, d’allonger la journée de travail ; deuxièmement, d’augmenter la productivité (ce qui permet de couvrir plus rapidement le coût des salaires). Troisièmement, il s’oppose à toute augmentation des salaires et, quand l’occasion se présente, n’hésite pas de les réduire.

Le taux de profit

Dans la mesure où tout le but de la production capitaliste est d’extraire de la plus-value du travail de la classe ouvrière, le rapport entre le capital variable (les salaires) et la plus-value (les profits) est d’une grande importance. L’accroissement de l’une ou de ces deux valeurs ne peut se faire qu’au détriment de l’autre. En dernière analyse, l’augmentation ou la réduction de la part de la plus-value constitue l’élément essentiel de la lutte des classes sous le capitalisme. C’est une lutte pour le partage, entre les salaires et le profit, des richesses créées.

Ce qui importe au capitaliste, ce n’est pas tant le montant de la plus-value que le taux de cette plus-value. Pour chaque euro de capital qu’il investit, il attend le plus grand retour possible. Le taux de la plus-value est le taux d’exploitation du travail par le capital. On peut le définir comme Pv/V, où Pv est la plus-value et V le capital variable - c’est-à-dire par le rapport entre le surtravail et le travail nécessaire.

Par exemple, dans une petite entreprise, supposons qu’un capital global de 500 euros se divise entre le capital constant (400 euros) et le capital variable (100 euros). Mettons qu’à travers le processus de production, la valeur des marchandises a augmenté de 100 euros.

Ainsi : (C+V) + Pv = (400 + 100) + 100 = 600 euros.

C’est le capital variable qui est le travail vivant  : c’est lui qui produit la nouvelle valeur (la plus-value). Ainsi, l’accroissement relatif de la valeur produite par le capital variable nous donne le taux de la plus-value  : Pv/V = 100 euros/100 euros, soit un taux de plus value de 100%.

La baisse tendancielle du taux de profit

Sous la pression de la concurrence nationale et internationale, les capitalistes sont constamment obligés de révolutionner les moyens de production et d’accroître la productivité. Le besoin de s’agrandir les oblige à consacrer une part toujours plus grande de leur capital dans les machines et les matières premières, et une part toujours plus petite dans la force de travail, ce qui diminue la proportion de capital variable par rapport au capital constant. Avec l’automatisation et la technologie industrielle vient la concentration du capital , la liquidation des petites entreprises et la domination de l’économie par des groupes gigantesques. Cela représente une modification de la composition technique du capital.

Mais dans la mesure où c’est seulement le capital variable (la force de travail) qui est la source de la plus-value (le profit), l’augmentation de l’investissement dans du capital constant débouche sur une tendance à la baisse du taux de profit. Avec de nouveaux investissements, les profits peuvent croître énormément, mais cette croissance tend à être moins importante que celle des investissements.

Prenons par exemple un petit capitaliste disposant d’un capital global de 150 euros qui se divise en 50 euros de capital constant et 100 euros de capital variable. Il emploie 10 hommes à fabriquer des chaises et des tables pour 10 euros la journée. Après une journée de travail, ils ont produit une valeur totale de 250 euros.

Ainsi :

Capital variable (salaires) ou V : 100 euros

Capital constant (machines, équipement) ou C : 50 euros

Plus-value (profit) ou Pv : 100 euros

Le taux de plus-value peut ainsi être calculé : Pv/V = 100/100 = 100%. Le taux de profit, quant à lui, est le ratio entre la plus-value et le capital global. Dans notre exemple, le taux de profit est donc : plus-value (Pv)/capital global (C+V) = 100 euros/150 euros = 66,6%.

En augmentant la part du capital constant, le taux de profit baisse. Dans le même exemple, en gardant le même taux de plus-value, si on fait passer le capital constant de 50 à 100 euros, on a un taux de profit de : Pv/(C+V) = 100 euros/200 euros = 50%. Si on augmente jusqu’à 200 euros le montant du capital constant, toutes choses égales par ailleurs, on a : Pv / (C+V) = 100 euros/300 euros = 33,33% de taux de profit. Et ainsi de suite.

Au sujet de cette augmentation du capital constant, les marxistes parlent d’« augmentation de la composition organique du capital », et considèrent ce développement des forces productives comme un phénomène progressiste. Cette tendance est donc ancrée dans la nature même du mode de production capitaliste, et elle a été l’un des problèmes majeurs auxquels les capitalistes ont eu à faire face pendant la période de l’après guerre. La masse de la plus-value augmente, mais l’augmentation du capital constant est proportionnellement plus importante. Il en résulte une baisse du taux de profit. Les capitalistes n’ont cessé d’essayer de surmonter cette contradiction au moyen de l’aggravation de l’exploitation des travailleurs - ce qui augmente la masse de plus-value et par conséquent le taux de profit - par d’autres moyens que l’investissement. Pour ce faire, ils accroissent l’intensité de l’exploitation de diverses façons, par exemple en augmentant la vitesse des machines, en augmentant la charge de travail de chaque salarié ou encore en rallongeant la journée de travail. Une autre façon de restaurer le taux de profit consiste à ramener les salaires des travailleurs en dessous de leur valeur nominale (par la dévaluation de la monnaie, par exemple).

Les lois mêmes du système capitaliste gênèrent d’énormes contradictions. La course au profit à laquelle se livrent continuellement les capitalistes donne une impulsion à l’investissement, mais l’introduction de nouvelles technologies augmente le chômage. Cependant, paradoxalement, la seule source de profit réside dans le travail des salariés.

L’exportation du capital

Le stade suprême du capitalisme - l’impérialisme - est marqué par une exportation massive de capital. La recherche de plus grands taux de profit pousse les capitalistes à investir d’énormes sommes d’argent à l’étranger, dans des pays où la composition du capital est plus faible. Finalement, comme le prévoyaient Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste , le mode de production capitaliste a fini par s’entendre au monde entier.

L’une des contradictions majeures du capitalisme réside dans le problème évident que la classe ouvrière, en tant que consommatrice, doit pouvoir racheter ce qu’elle a produit. Mais dans la mesure où elle ne reçoit pas, sous la forme du salaire, la pleine valeur de son travail, elle n’en a pas les moyens. Les capitalistes cherchent à résoudre cette contradiction en réinvestissant de la plus-value dans les forces productives. Ils s’efforcent également d’écouler leur excédent sur le marché mondial, en concurrence avec les capitalistes des autres pays. Mais il y a des limites à cela, puisque tous les capitalistes de la planète se livrent au même jeu. Enfin, les capitalistes encouragent le crédit, à travers le système bancaire, de façon à augmenter artificiellement le pouvoir d’achat de la population et stimuler ainsi la vente des marchandises qui, autrement, n’auraient pas trouvé preneur. Mais à cela aussi il y a des limites, les crédits devant finalement être remboursés - avec en prime les intérêts.

Cela explique pourquoi, périodiquement et de façon régulière, les phases de croissance sont suivies par des périodes de récession. La lutte fiévreuse pour de parts de marché provoque une crise de surproduction. Le caractère destructeur de ces crises, qui s’accompagnent d’une destruction massive de capital accumulé (fermeture d’usines, abandon de secteurs d’activité), est une indication suffisante de l’impasse dans laquelle se trouve le système capitaliste.

Tous les facteurs qui ont mené à la croissance d’après guerre ont en même temps préparé la voie aux crises et aux récessions. Ce qui caractérise l’époque actuelle, c’est la crise organique qui frappe le système capitaliste. Si le capitalisme n’est pas éradiqué, à un certain stade, la classe ouvrière fera face à une crise du type de celle de 1929. L’humanité ne peut éviter le chaos, les gaspillages massifs et la barbarie inhérents au capitalisme qu’en renversant ce système anarchique. En éliminant la propriété privée des moyens de production, la société pourra échapper aux lois du capitalisme et se développer d’une façon rationnelle et planifiée. Les gigantesques forces productives accumulées dans le cadre du système capitaliste permettraient d’en finir une fois pour toutes avec ce scandale que sont les crises de surproduction dans un monde ravagé par la faim et les pénuries. L’élimination de la contradiction entre, d’une part, le développement des forces productives, et, d’autre part, l’Etat-nation et la propriété privée des moyens de production, poserait les bases d’une planification internationale de la production.

Sur la base du socialisme, grâce à la science et la technologie modernes, le monde entier pourrait être transformé en l’espace d’une décennie. La transformation socialiste de la société est la tâche la plus urgente de la classe ouvrière mondiale. Une compréhension de la théorie économique de Marx constitue une arme indispensable dans la lutte pour le socialisme en Europe et dans le monde entier.

Alan Woods
Rob Sewell

 
[1] « travailleurs sans propriété » : il s’agit bien évidemment de la propriété des moyens de production, et non pas celle des biens consommables, de maisons, de voitures etc. JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne,Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries, 
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30 août 2007 4 30 /08 /août /2007 16:56
Manifs de droite






Le mot du réalisateur

Le 25 octobre 2003, des "artistes de rue de droite" se mobilisaient pour soutenir le gouvernement

Ce documentaire-court retrace la manifestation parisienne organisée par des groupes d'artistes de spectacle de rue, du Fourneau, et de la Fédération des arts de rue, des intermittents du spectacle.

Encadrés par des CRS et RG qui assistaient à la manifestation la plus drôle et absurde de leur carrière, les artistes ont déambulé du parvis de Notre-Dame à l'Assemblée Nationale.

Les passants, dont certains hommes politiques, ne savaient pas trop comment réagir face à cet étrange cortège, à leurs slogans peu communs. Est-ce une farce ? Est-ce une manifestation de droite, de gauche ? Peu importe. Cet événement les aura certainement marqué.

Diffusé en ligne pendant la campagne électorale des élections présidentielles de 2007, ce doc court a été relayé par de nombreux médias. Il a suscité des réactions diverses, dues à l'ambiguïté des slogans des "artistes de rue de droite". Chaque clan, de droite, du centre, de gauche a récupéré pour son compte et sur ses blogs le côté militant de la vidéo.
JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,




Manifestation de droite filmée le 15 juin 2003 pendant les grèves contre le projet fillon sur les retraites. 
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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 01:18
Mercredi 29 Aout 2007
Place de la république
Solidarité avec les sans papiers

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A partir de 14h
Concerts de groupes locaux : Slam, musique latino américaine, Hip hop, Capoeira..

Dès 18h

Information sur l'actualité du mouvement des sans papiers suivi de la traditionnelle mais non moins importante Manifestation

A partir de 20h

Concert du groupe M.A.P : Ministère des Affaires Populaires


JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,
Retrouvez nos précédents articles sur le mouvement des Sans papiers ici
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22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 01:22
Communiqué de presse du MJCF Nord
Mouvement des Jeunes Communistes de France 
Fédération du Nord
LES RAFLES DOIVENT CESSER !
 

Depuis juin, un grand nombre de sans papiers nordistes se sont mis en grève de la faim face à la remise en cause des accords Delarue de 2004. Expulsés scandaleusement de la Bourse du Travail de Lille, ils campent depuis devant des hôpitaux, dans des conditions indignes de notre pays. On leur a même refusé le droit élémentaire de tout être humain puisqu'un certain nombre d'eux, à plus de soixante jours de grève de la faim, se voyaient toujours refusés l'hospitalisation.

Les jeunes communistes du Nord sont profondément choqués par les rafles qui ont eu lieu ce matin. Des arrestations aussi massives de sans-papiers (au nombre de quarante deux!) n'avaient pas eu lieu depuis longtemps. Nous déplorons ces arrestations. Un sans-papier membre du MJCF Nord en a été victime. Le ministre Hortefeux avait-il besoin de cette opération pour atteindre ses fameux quotas?

A Roubaix, à Lille, à Tourcoing, à Valenciennes, nous étions aux côtés des grévistes de la faim. Nous continuons de les soutenir, comme toutes les revendications légitimes avancées par leurs organisations représentatives, et en premier lieu le respect des accords Delarue de 2004. L'escalade répressive doit cesser.

Nous sommes profondément indignés par les méthodes du gouvernement qui, le lendemain de la nomination d'un médiateur, organise des méthodes dignes d'un État de non-droit. Nous considérons qu'au bout de plus de 60 jours de grève de la faim, les sans-papiers en lutte ont bien assez fait preuve du degré de sacrifice dont ils sont capables pour réaliser « l'intégration » que la droite vante tant. Si le gouvernement ne procède pas à des régularisations massives, la France entière aura des décès sur la conscience. Ne permettons pas ça.


Nous sommes fiers des signes de sympathie que nous ont envoyés des salariés, des habitants des quartiers populaires de toute la région. C'est en effet contre le même système que les salariés avec ou sans papiers se battent. C'est le même capitalisme qui écrase l'Afrique, expulse les sans-papiers et exploite les travailleurs du monde entier. Nous appelons la population civile à se rendre massivement aux rassemblements organisés partout dans notre département, notamment au rassemblement quotidien à 18h, place de la République.

Valenciennes, le 21 août 2007
JC Seclin, Templemars, Vendeville,Wattignies, Haubourdin, Emmerin, Houplin-Ancoisne, Santes, Wavrin, Don, Allenes les Marais, Carnin, Annoeullin, Bauvin, Provin, Gondecourt,Avelin, Martinsart, Attiches, Phalempin, Tourmignies, Pont-à-Marcq, Mérignies, La Neuville, Wahagnies, Libercourt, Oignies, Ostricourt, Moncheaux, Raimbeaucourt, Leforest, Faumont, Mons-en-pévèle, Thumeries,
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